Sur la trace des vases du Val d'Osne
La fonderie du Val d'Osne
reprise d'un article du bulletin par Florence André, novembre 2004
Quel lien existe-t-il entre la fonderie du Val d’Osne et Edouard André ?
Le parc
botanique de Palanga, situé sur les bords de la Baltique, fut créé par Edouard
André pour le comte Félix Tyskiewicz en 1899-1902 en collaboration avec
l’architecte Svetchen qui construisit le palais. René-Edouard André surveilla
les travaux, aidé par Jules Buyssens, jeune paysagiste belge qui s’occupa plus
précisément des plantations. D’imposantes vasques de fonte peinte ornent la
balustrade de la terrasse principale, signées Val d’Osne sur leur base.
Nous
avons pu découvrir également cette signature sur les vasques ornant la
balustrade de la terrasse du grand salon du château des Côtes, aux
Loges-en-Josas, lors de l’assemblée générale de l’association, en juin 2001.
René-Edouard André y œuvra juste avant la guerre de 1914 pour le baron Mallet.
Cette coïncidence nous a interpellés et mis en quête d’informations sur la Fonderie du Val d’Osne.
Dans cette
région de la Haute-Marne dédiée au travail du fer depuis vingt-cinq siècles,
Victor André (qui n’a rien à voir familialement avec Edouard André), régisseur
des forges de Brousseval et Thormance-les-Joinville, demande en 1834 au roi
Louis-Philippe l’autorisation de construire un haut-fourneau dans un lieu-dit
caché au fond d’un vallon, le Val d’Osne. Si l’Osne n’est qu’un ruisseau, le
minerai alentour est excellent. Ainsi, en 1836, sur ordonnance royale, il
édifie le haut-fourneau et se spécialise dans la fonte décorative, démarche
tout à fait nouvelle. A Paris, Victor André avait rencontré le milieu des
sculpteurs de l’époque et invité ceux-ci à participer à ces créations. On
retrouve les noms de Louis Lequesne, Alphonse Lerolle, Pierre Loison, Gabriel
Dubray, Louis Sauvageau, Frédéric Iselin, Auguste Martin, Alfred Jacquemart,
Jules Salmson, Georges Clère, Charles Auguste Lebourg et Mathurin Moreau parmi
les artistes.
En 1844, l’entreprise emploie deux cents ouvriers et
remporte de nombreuses médailles lors des expositions nationales et internationales.
Lorsqu’en 1851 Victor André disparaît, on peut admirer l’essor
donné à ce matériau qui n’était utilisé jusqu’alors que dans un but purement
utilitaire. Sa femme prend la tête de l’entreprise pendant quelques années,
puis vend l’usine à Gustave Barbezat, ancien élève de son mari.
Celui-ci
développe l’activité et fonde un deuxième haut-
En 1867,
la société change de propriétaire, se développe et devient « société
anonyme des fonderies du Val d’Osne ». A cette époque d’intense activité
correspond le rachat du fonds des modèles d’art de l’usine Ducel à Pocé-sur-Cisse,
près d’Amboise, en 1878. Des turbulences financières perturbent la société et
Charles Hanoteau, ingénieur centralien, reprend les rênes de 1892 à 1895, suivi
par son fils, Henri Hanoteau. On peut imaginer que René-Edouard André
connaissait Charles Hanoteau, puisqu’il avait reçu la même formation et qu’il
avait commencé sa carrière en 1890-91. En 1931, la société fut rachetée par la
société Durenne, qui supprima peu à peu la fonte d’art. Pendant la seconde
guerre mondiale, de nombreux modèles furent refondus : seuls les modèles
religieux furent épargnés, par respect, et stockés. En 1986, la société est
fermée définitivement, au moment même où les productions anciennes entraient au
musée.
On peut
retrouver des productions de Val d’Osne dans le monde entier, telle la fameuse
Fontaine Wallace, en Amérique du Sud-en particulier à Rio de Janeiro, au
Mexique, en Argentine… Cet essor sans précédent a été facilité par une
conjonction de divers éléments. La société française, dans une période
d'enrichissement, aime édifier des statues à la gloire des grands hommes ; les
connaissances techniques ouvrent des possibilités nouvelles à des coûts de plus
en plus attractifs liés à la production en série. Les nombreuses expositions et
le développement des politiques commerciales avec le système des catalogues qui
permet de faire rêver, à distance, le démarchage commercial à partir de dépôts
dans les régions de France et à l’étranger, permettent aussi de développer la
clientèle.
On reconnaît la marque Val d’Osne, ou Barbezat sur la base des statues ou des monuments, suivie de la mention " Paris", bien que les fontes soient fabriquées en Haute-Marne. Seul le siège commercial se situe à Paris, boulevards Voltaire et Richard Lenoir.
Images de Florence André, la première au château des Côtes, la seconde à Palanga en Lituanie.